Cher frère émigré

calendar icon 01 كانون الثاني 1968 الكاتب:Moussa Sadr

Aux émigrés parcourant la terre à la recherche d’une vie meilleure, peinant et travaillant pour améliorer leur situation et celle de leur famille, l’Imam Moussa Sadr a adressé, en 1968, une lettre exprimant à la fois son admiration pour leurs efforts, sa compréhension des difficultés qu’ils rencontrent, et sa reconnaissance pour leur participation au développement de leur pays.

Aux émigrés parcourant la terre à la recherche d’une vie meilleure, peinant et travaillant pour améliorer leur situation et celle de leur famille, l’Imam Moussa Sadr a adressé, en 1968, une lettre exprimant à la fois son admiration pour leurs efforts, sa compréhension des difficultés qu’ils rencontrent, et sa reconnaissance pour leur participation au développement de leur pays.
Au nom de Dieu, le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux
Cher frère émigré,
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur toi.
Je me suis éloigné de toi sans pour autant t’abandonner, et je t’ai dit adieu sans pour autant te quitter. Car je vis avec toi de cœur et d’esprit. Un battement du cœur réduit les distances et abrège les jours, abolissant l’éloignement ; une palpitation de l’esprit rassemble le monde et simplifie les événements, comme s’il n’y avait pas de séparation : tu as en effet rempli toute mon existence et régné sur mes sentiments ; tu m’as submergé des souvenirs les plus beaux, et t’es mis à faire partie intégrante de mes finalités, car tu t’es identifié à ta patrie, ta nation et leurs idéaux.
Je n’ai passé avec toi qu’un court moment, mais j’y ai vécu et observé une émigration unique en son genre.
J’ai vécu avec toi la révolte dans le principe de ton émigration : pas de reddition à une situation sociale héritée, ni de soumission à une idée défaillante, ni de faiblesse établissant des concepts superficiels.
Je me suis soumis avec toi à ta foi en Dieu qui a planté en toi la confiance, grâce à laquelle tu as pris ton départ de ta patrie sans demander de protection, sans jouïr de faveurs, et sans t’appuyer sur une quelconque assurance ; tu t’es contenté de Dieu comme protecteur, convocateur et garant.
Mon noble frère, tu es dans ton émigration édificateur et non colonisateur, frère du citoyen et non méprisant. Tu as élevé ta patrie dans la même mesure que tu as élevé ton pays d’accueil; il n’est pas de demeure heureuse dont l’édification n’a pas bénéficié de tes faveurs, ni de construction élevée aux fondations de laquelle tu n’aies pas largement participé, ni de projet humanitaire, religieux ou social qui ne porte pas la trace de ta main son établissement et dans l’élévation de ses murs.
Pour tout cela : je ne pourrai jamais t’oublier. Et je ne saurais te remercier pour la noblesse de ton affection et de ton hospitalité, la magnificence de ta réception et de tes célébrations, la générosité de ta participation et l’ampleur de ton interaction durant la période où j’ai résidé chez toi.
Je ne le saurais, car en tout cela tu t’es élevé au-dessus du niveau du remerciement oral ou écrit, tu t’es élevé dans tes buts et les finalités de tes actions. Tu n’as pas visé une personne ni ne t’es enthousiasmé pour une relation matérielle ; tu as tendu vers le visage de Dieu et Son contentement.
Pour tout cela je préfère, en lieu et place des remerciements, invoquer Dieu le Très-Haut et Le prier pour la pérennité de ta santé, la réussite de ton retour, l’accomplissement de ton succès et la vision heureuse de tes enfants et ta famille.
Je demande donc au Très-Haut et Tout-Puissant de m’aider à être conscient de mon devoir envers toi, assumant mes responsabilités, cherchant, avec les concitoyens loyaux, à améliorer ta situation, tenant ma promesse pour réaliser tes revendications, fidèle protecteur de ce que tu m’as confié – l’institution – et je Lui demande de m’aider à pouvoir te rendre à nouveau visite ici et là.
Et Que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur toi.
Moussa Sadr

- Texte du message en langue arabe : أخي المهاجر
- Texte du message en anglais : My dear emigrant brother

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